30 avril 2009

Mirage

Pense à leur façon de nous regarder; c'est pour ça que je me prête au jeu. Les gens aiment assister aux échanges de regards complices de jeunes amoureux inconnus. Une brume nostalgique envahit leurs souvenirs, tu sais, l'époque où ils incarnaient le jeune couple anonyme, indépendant, libre. Notre existence les rassure sur la base autrefois solide de leur mariage. Elle nourrit leur espoir de connaître encore un bonheur insouciant comme le nôtre.

Sauf qu'il n'y a pas de «nous». La façade dissimule des comédiens, deux êtres en mal d'amour, en mal d'eux-même, l'amorce et la chute d'une même farce. Une plaisanterie douce amère que nous répétons sans fin, sans rigoler, pourtant. Notre reflet me hurle que «nous» n'existons plus.

Aide-moi à briser les miroirs, veux-tu?

28 avril 2009

Politesse de feu rouge

Pardon, fucke-je votre pacemaker avec la basse de ma musique trop forte, madame?
Ce n'est tout de même pas une raison de me dévisager ainsi, ce ne sont pas des manières, voyons. Vos sourcils désapprobateurs me poussent à présumer qu'il y a une roche dans votre escarpin, avez-vous vérifié?

J'ai besoin du rythme et du volume pour me guider, voyez-vous, parce que j'ai peur d'oublier comment embrayer, ou encore l'emplacement du reculons...ces coquines d'Allemandes, vous savez bien. M'enfin, votre mari le sait, lui, au volant de votre Mercedes.

Que dites-vous? Comment sais-je que vous portez des escarpins, alors que je suis dans ma voiture et vous dans la vôtre, ma vue limitée par les paroi latérales de nos véhicules respectifs?

Le feu est vert, restez concentrée, très chère.

27 avril 2009

This is really happening

Évidemment, c'est en fin de session que me viennent toujours les meilleures idées d'histoires et les plus féroces envies de sortir mes tubes d'aquarelle. Mon cerveau est une bitch. Just wait and see, cerveau, quand la grande table sera installée sur le patio et que les examens/travaux seront oubliés (j'estime que l'oubli nécessitera ~0.4 secondes). Je mettrai plein de musique hip dans mes oreilles et je peindrai des visages trop géométriques aux couleurs n'importe quoi.

En attendant, je prends de trop grandes gorgées de café et je procrastine. J'essaie de m'habituer à voir les meubles de ma grand-mère dans notre salon. Je jouerais volontiers à la maquilleuse abusive sur ma face, ou celle d'une autre...je serais trop intense sur le glitter et on en retrouverait sur la céramique pendant huit ans. Ma seule raison de ne pas me ronger les ongles est ce vernis, que je veux veux veux.

Là, j'vais aller faire ce qu'il y a de moins pire à la dernière semaine de la session: étudier au soleil. Dans ma tête, j'vais me chanter Idioteque, parce que je suis redondante comme ça, et «take the money and run», ça me parle en crisse en ce moment.

23 avril 2009

Kaléï-style, 23.4.09

envie
d'écouter Mario Pelchat pour me réconforter en me disant que ce ne sera jamais si pire que ça; d'être la fille qui va continuer de raconter des histoires juste parce que je peux et que je sais comment; de tenir tête aux jugements et de faire comme je veux, les yeux accrochés au ciel; de me mettre à chanter spontanément à l'épicerie parce que les néons sont trop blancs; de s'éclairer avec un feu de bois et d'écouter la Loutre jouer de la guitare; d'écrire des mots qui parlent de toi pour les garder précieusement en souvenir de ce qu'on aurait pu se dire; de maudire le vent et le froid, mais vouloir encore te connaître dans longtemps.

on se contentera de sentir rose comme une rock star et de se plonger dans le maintenant, pour oublier d'avoir peur de demain.

(forme empruntée à Audrey, parce qu'elle est belle (la forme, mais la fille aussi) et qu'«imitation is the sincerest form of flattery»)

21 avril 2009

The Hype Machine

J'essaie de me souvenir où j'ai appris l'existence de ce site merveilleux.
J'pense que c'est grâce à emsi, via un autre site...m'enfin, peu importe.
Je m'en suis servie un peu au fil du temps pour télécharger des chansons, sans toutefois en découvrir le plein potentiel awesome avant tout récemment.
Leur section "What is it?" nous explique que le site a pour but de suivre ce qu'il s'écrit sur les blogues de musique. Ça permet de découvrir des chansons géniales et, si on aime ce qu'un blogue en particulier partage, on peut décidé de suivre ce blogue-là.

Moi qui cherchais justement de la nouvelle musique à écouter, parce que j'suis du genre à surexploiter mes playlists, c'est parfait! Le site nous permet d'ajouter nos chansons préférées dans une liste de lecture qui se construit sur notre profil. On peut espionner ce que les autres écoutent, ce que les autres cherchent, c'est constamment updaté...!

Comme le disait justement emsi l'autre jour, alors que j'exprimais mon amour pour The Hype Machine dans mon statut Facebook...combiné avec last.fm, c'est le parfait trip à trois. ;)

20 avril 2009

Mi-di, mi-lun

Y'a les muscles de mes jambes et de mon dos qui ne comprenaient plus comment exister sans douleur. Je me suis installée dans une position ridicule pour écrire avec ma calligraphie épuisée. Je me suis trouvée cute, devant le miroir, avec mes cheveux attachés comme ça et mes boucles d'oreilles en perles. J'ai repensé au monsieur qui m'a dit que j'avais des yeux de husky, et à la mère de l'autre qui les voyait bleus (ils sont verts), et à l'autre qui m'a demandé la couleur de mon eyeliner, mais c'est noir, juste noir. J'ai eu mal à une cheville, la droite, la faible. J'ai résisté à l'envie d'enfouir mon visage dans l'oreiller sans dire bonsoir. J'ai pris un bain avec de la mousse et j'ai fait mentir ce questionnaire, parce que j'ai lu un peu dedans.

Aujourd'hui, j'appellerai pas mon chiro. J'irai pas prendre ma photo de passeport, même si c'est pour une bonne cause, pour être prête à partir anytime. J'vais plutôt lire sur le patio et espérer prendre des couleurs, un peu. J'vais relire le Second manifeste du surréalisme, pour être productive et pertinente. Et peut-être un peu une histoire d'enfants qui meurent aux mains les uns des autres, aussi. Même si c'est frisquet.

Y'a des jours où on n'a que des mots pas très poétiques de la vraie vie à donner aux Internets, eh.

17 avril 2009

15 avril 2009

Tetris, ou Everything in its right place.


Comment j'ai dit ça, hier? Beaucoup de mon temps perdu sur une seule feuille de papier?
Ouais. Beaucoup d'encre, beaucoup de noir, du blanc aussi, quand même, et quelques touches de couleur, mais surtout...aucun mot.

14 avril 2009

13 avril 2009

Zombie Jesus Day

Ne pas manger de chocolat avant midi. Tout de même!
Faire un effort pour ne pas me cacher trop longtemps avec le gros chat. Échouer.
Être semi-gênée que la famille élargie lorgne les dessins dans ma chambre.
Expliquer à une cousine perplexe l'existence des otakus.
Profiter de la confusion générale pour dessiner un Vector dans le cou de mon frère, qui m'a laissée faire, pour une fois.
Looter un petit sac de soirée (noir, sobre et cute) et des oeufs Laura Secord.
Me demander qui sont ces inconnus qui décident de me suivre sur Twitter.
Ne pas me donner la peine de corriger l'oncle Roger qui m'appelle Sandra depuis des années.
Chanter spontanément des extraits de Bohemian Rhapsody. Embarquer Hugo. Puis ma marraine et ma mère. Avoir l'impression, pour un instant, que ma vie est une comédie musicale.

Me dire que ce blogue n'a aucune ligne directrice et remercier mes quatre lecteurs de garder espoir qu'un jour, ça s'améliorera.

10 avril 2009

La tag des livres, juste parce que c'est vendredi.

1. Coins cornés ou marque-page?
J'plie pas mes pages, je commence à peine à m'habituer à surligner dans mes livres. Mes signets sont souvent des post-it ou des papiers pris au hasard n'importe où.

2. Un livre en cadeau?
J'en donne seulement aux gens que je connais vraiment bien, quand je sais qu'ils aimeront ça. En recevoir, j'aime ça. Je lis plein d'affaires et ça me fait plaisir de découvrir ce que les autres pensent que j'aimerai.

3. Lis tu dans ton bain?
Non.

4. As-tu déjà penser écrire un livre?
J'y pense depuis longtemps, mais j'suis jamais-de-la-vie suffisamment disciplinée pour un projet de longue haleine. En novembre prochain, par contre, je vais me réessayer sérieusement pour le NaNoWriMo. Ça me mènera peut-être quelque part, qui sait?

5. Que penses-tu des séries de plusieurs romans?
J'en ai pas lu cent mille, séries, mais m'semble que souvent, un des livres est moins bon pis ça finit par casser le fun/beat. Malgré ça, si c'est une série que j'aime, j'vais lire quand même.

6. As-tu un livre culte?
Pas vraiment. Je suis volage dans mes amours littéraires. Le premier livre que je me souviens d'avoir lu et relu et rerelu, par contre, c'est Granulite de François Gravel. Faut croire que j'étais déjà une geek des mots, au primaire.

7. Aimes-tu relire?
Ouais. Quand j'aime, lire une seule fois, c'est insuffisant. C'est entre autres pour ça que j'aime acheter des livres.

8. Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimés?
J'y tiens pas particulièrement. Si ça adonne, peut-être, mais j'cours pas les Salons du Livre pour ça.

9. Aimes-tu parler de tes lectures?
Ça dépend avec qui. J'aime en parler avec des gens qui lisent et qui vont peut-être me suggérer des trucs, ou j'aime en parler quand c'est pertinent avec le sujet d'une discussion, mais j'achale pas les gens avec ça si je sais qu'ils n'en auront rien à cirer.

10. Comment choisis-tu tes livres?
Ça dépend. Évidemment, y'a les lectures universitaires obligatoires que je choisis pas, alors quand vient le temps de lire quelque chose pour moi, j'y vais selon ce que j'ai dans ma bibli et qui attend de (re)susciter mon intérêt. Je prends parfois les suggestions des gens. Des fois, aussi, je lis pour voir si un hype est justifié, eh.

11. Une lecture inavouable?
Twilight. Je sais, les Littéraires avec un grand L ne devraient pas lire ça. Whatever.

12. Des endroits préférés pour lire?
Dans mon lit, à la bibli de l'uni ou sur mon patio.

13. Un livre idéal pour toi serait…
Le Grand Livre de l'Awesomeness de la Vie. Ce serait plein d'anecdotes drôles/absurdes, d'histoires d'amour rocambolesques, d'aventures épiques de la vie de tous les jours, de dessins, de couleurs, de personnages plus grands que nature et ce serait awesome d'une couverture à l'autre.

14. Lire par dessus l’épaule?
Non. J'haïs qu'on lise par dessus la mienne, j'lis pas par dessus celle des autres. À part quand c'est Harry Potter et la Coupe de Feu, qu'on est en secondaire deux pis que c'est important de savoir le plus vite possible ce qui arrive.

15. TV, jeux vidéos ou livre?
Les trois. Ces temps-ci, les jeux vidéos arrivent bon dernier, derrière la télé, qui cède la première place aux livres, fin de session oblige.

16. Lire et manger?
Longtemps longtemps, j'ai lu en déjeunant. Je lis parfois sur mon heure de lunch, au travail.

17. Lire un livre électronique?
Bof. Faudrait que je sois abusivement motivée. À date, ça m'est pas arrivé.

18. Le livre vous tombe des mains, allez ou bout ou pas?
J'suis vraiment pas pire pour lutter contre le sommeil si une histoire en vaut la peine.

19. Qu’arrive-t-il à la page 100?
Des FOLIES, j'espère. (c'est quoi cette question?)

20. Un livre que tu donnerais à ton pire ennemi?
J'vois pas pourquoi je donnerais un livre à quelqu'un que j'aime pas. Si c'est un livre que je déteste, j'imagine qu'il/elle l'aimerait, si je déteste cette personne. Ha.

09 avril 2009

Sorry, prise II.

«Y'a des jours ça tourne pas rond, c'est comme ça y'a pas de raison, tu connais la chanson...ça ira.»

Y'a des jours où les chansons de pubs de voitures ont raison.
Y'a des jours où, au contraire, on en trouve mille, des raisons pour lesquelles ça ne tourne pas rond.
On s'efforce quand même de rester polie. (parce que c'est plus simple comme ça)
On sourit. (un peu faux, mais qui remarquera?)
On s'éclipse quelques heures pour faire le plein de silence et de calme.
On se sent prisonnière d'une tempête qui n'est pas la nôtre et au coeur de laquelle tout le monde nous oublie.
Le soir venu, on a épuisé tous nos mots.
On voudrait être n'importe où et nulle part à la fois, on ne sait plus comment agir comme d'habitude, on aurait envie de fracasser des bibelots délicats sur tous les murs qui nous piègent.
On rejette la seule main qui nous a été tendue cette journée-là.
On pleure comme une enfant et on s'endort, épuisée, en s'efforçant de respirer normalement.

Le lendemain, y'a un soleil timide qui se pointe.
Les chats ronronnent, y'a du café, on se sent les idées étonnamment claires.
On se trouve ridicule, mais surtout...on ne sait pas trop comment s'excuser.

06 avril 2009

2H

On lui demande «L'as-tu vu?» et elle reconnait aussitôt ce «l» apostrophe-là. C'est le même pour toutes celles qui ont un lui, un celui-là, celui qui n'est pas censé être là mais qui lui bombe la stabilité à chacun de ses retours.

Pressée d'être pulvérisée, elle tourne le coin de la rue et il est là, assis dans ses escaliers, évidemment. Sa silhouette gagne en possession de son territoire. En le rejoignant, elle s'assure de maintenir entre eux une distance sécuritaire. Il ne lui fait pas la bise, mais il est lui, et il est là.

Il marche; elle orbite autour de lui.

Ils croisent un vieux chum, un buddy de hockey avec qui il jase des Canadiens, parce que c'est important.
Elle s'en fout.
Elle n'entend que sa voix.
Elle vibre à la moindre inflexion.
Le chummey accapare son attention et ça la vexe un peu. Puis, juste au moment où elle allait soupirer, il la regarde en continuant de s'adresser au chummey:

-On se voit pas, l'hiver. On se manque tout le temps. Je joue au hockey pour oublier ces yeux-là, pis au printemps, je me demande comment j'ai pu vivre sans!

Son coeur de guenille se substitue à ses rotules et on pourrait faire des tartes avec la rougeur de ses joues. Elle ose s'approcher, juste une seconde. Ses doigts effleurent les siens, familièrement, et c'est Hiroshima all over again.

01 avril 2009

À tous moments, n'importe quand.

Prendre un pari contre soi.
Douter que ça nous réussisse aussi bien qu'à cet inconnu.
Ne pas regarder L'année dernière à Marienbad.
Écrire dans le noir pour éviter de se fermer les yeux.
Se sentir comme Clov, immobile dans l'embrasure d'une porte.
Se savoir toujours là, bien qu'on nous pense ailleurs.