06 avril 2009

2H

On lui demande «L'as-tu vu?» et elle reconnait aussitôt ce «l» apostrophe-là. C'est le même pour toutes celles qui ont un lui, un celui-là, celui qui n'est pas censé être là mais qui lui bombe la stabilité à chacun de ses retours.

Pressée d'être pulvérisée, elle tourne le coin de la rue et il est là, assis dans ses escaliers, évidemment. Sa silhouette gagne en possession de son territoire. En le rejoignant, elle s'assure de maintenir entre eux une distance sécuritaire. Il ne lui fait pas la bise, mais il est lui, et il est là.

Il marche; elle orbite autour de lui.

Ils croisent un vieux chum, un buddy de hockey avec qui il jase des Canadiens, parce que c'est important.
Elle s'en fout.
Elle n'entend que sa voix.
Elle vibre à la moindre inflexion.
Le chummey accapare son attention et ça la vexe un peu. Puis, juste au moment où elle allait soupirer, il la regarde en continuant de s'adresser au chummey:

-On se voit pas, l'hiver. On se manque tout le temps. Je joue au hockey pour oublier ces yeux-là, pis au printemps, je me demande comment j'ai pu vivre sans!

Son coeur de guenille se substitue à ses rotules et on pourrait faire des tartes avec la rougeur de ses joues. Elle ose s'approcher, juste une seconde. Ses doigts effleurent les siens, familièrement, et c'est Hiroshima all over again.

1 commentaire:

Audrey a dit…

J'AIME ÇA, J'AIME ÇA.
"SCUSE-MOÉ, CHU FOLLE!"