12 septembre 2010

On était allés au lave-auto, aussi.

J'étais un peu baveuse dans ce temps-là, genre que mes remarques donnaient envie à bien des gens de me pousser tête première du haut d'un escalier. En tout cas, mon ami-du-matin m'en a souvent menacée, même si je brossais ses cheveux plus longs que les miens, avant nos cours.

Je sais plus trop d'où tu sortais; t'étais le it's complicated d'une fille-regardez-moi-je-fais-du-théâtre-pis-je-me-rase-les-cheveux. J't'aimais pas ben ben parce que t'étais pas sarcastique-drôle, t'étais juste méchant sous prétexte que c'était des jokes. Personne t'aimait ben ben, en fait, pis on savait jamais vraiment pourquoi t'étais là. Mon ami-encore-plus-baveux-que-moi avait même voulu t'offrir une trêve de bitcheries pis t'avais refusé, mais deux secondes plus tard t'allais me chercher une couverture pour que je sois plus confortable dehors chez l'ami-du-matin. Je m'étais dit que j'avais peut-être mérité un peu de respect de ta part parce que je te remettais à ta place quand tu gossais trop.

Le même soir, plus tard, t'étais pu là, on s'amusait pas mal plus. Mon ami-baveux donnait une piggy back ride à une fille pis j'aimais pas ça, c'était qui donc la fille, elle existe-tu encore, c'est tu mon amie? En tout cas, mon chum feelait pas, moi j'me souviens pas si j'étais saoule, ce qui veut sûrement dire que je l'étais. Ami-baveux a offert de nous héberger dans sa chambre d'hôtel; cool move, merci. À un moment donné, dans la nuit, ça cognait à la porte, j'pense que j'ai serré la main d'un gars que j'ai jamais revu.

Une couple de mois ont passé pis t'étais pu dans mon décor de fille-au-coeur-brisé, parce que ben, pendant un p'tit bout j'pense que j'avais pu de décor pantoute. Des fois tu m'appelais quand t'arrivais de Montréal, tu roulais ben trop vite genre 200, étais-tu malade câlisse? Tu venais me chercher en Chrysler 300, mon père pensait que tu vendais de la drogue. (En vendais-tu?) Tu m'emmenais au Pizza Hut ou au buffet chinois pis tu payais. C'était-tu des dates dans ta tête? Tu devais ben voir que j'étais décrissée de la vie, me semble, tsé.

En tout cas, personne comprenait ce que je te trouvais, mais c'est ça l'affaire, je te trouvais rien pantoute. T'étais encore pas fin avec tout le monde, sauf avec moi, c'était quoi cette attitude de marde-là? On jouait à Mario Party dans mon sous-sol sauf que t'étais vraiment trop mauvais perdant, j'avais toujours un peu hâte que tu partes. Des fois tu m'appelais pis je te disais «non, non, non non non non, non» jusqu'à temps que tu te fâches assez pour raccrocher. Pourquoi tu me rappelais? Moi je t'appelais jamais. J'ai jamais su ton numéro, j'le voulais pas.

J'étais pas fine avec toi comme t'étais pas fin avec les autres. À un moment donné j'avais pu trop le coeur brisé, je voyais quelqu'un d'autre, pis tu m'as envoyé un courriel plein de sous-entendus et d'amertume, genre «t'es une osti de bornée qui pense juste à elle-même pis qui se fout des autres, fuck you, continue à être aveugle, bonne vie princesse» faque je t'ai block/delete de mon MSN.

Maintenant t'es une vieille histoire qui a un peu l'air inventée, pis en y repensant, j'réalise que j'ai jamais su ton nom de famille non plus.

3 commentaires:

Jérôme a dit…

Fucking god, j'adore ton billet, ton style, tes images. Ceci est du réel bonbon. J'adore particulièrement ton 4e paragraphe.

Je me sens un peu sale d'être dithyrambique-fif de même. Mais fuck, c'est cool icitte.

Clarence L'inspecteur a dit…

Moi je t'aime ben plus quand t'es pas en BEDA, en tous cas.

Et quel titre extraordinaire.

Sara a dit…

Ben coudonc, merci les garçons!