06 juillet 2008

Défamiliarisation

Elle possède des sofas, mais ne les utilise pas. Elle préfère s’asseoir à même le sol, ses notes éparpillées sur le tapis, conservant à portée de main sa coupe de vin. Sa coupe de vin. Ses sofas. Possession matérielle, matérialisme, tu m’appartiens, elle n’est plus libre. Elle accroche au passage son regard sur cette scène hivernale où tout perd son sens. Le paysage n’a rien de vierge, on le sent envahi, on le devine habité. Des traces de pas sillonnent l’étendue blanche qu’elle souhaiterait tant voir toute lisse. Son terrain, sa neige, les enfants du voisin…les enfants tout court, les enfants qui courent, une cour dévisagée par des pieds qui portent l’allégresse. Des traces qu’elle pourrait suivre, mais qu’elle choisit de contempler, passive, externe puisqu’à l’intérieur. Elle refuse le guide qu’on lui propose, qu’on n’a pas créé pour elle mais qu’on aimerait la voir suivre. Elle demeure pourtant immobile sur son tapis dans sa maison jusqu’à ce qu’elle se précipite à la fenêtre, s’assurant que cette fois-ci, la clôture aura tenu à l’écart les intrus.

2 commentaires:

Mek a dit…

Te ferai lire un jour le début d'un de mes inédits. On a été à la même place un jour…

Sara a dit…

J'suis lente à répondre aux rares commentaires sur mon blogue à l'abandon, mais j'en serais ravie. :)