20 mars 2009

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"She lives her life on an 8.
Her pain, on any given day, she lives at an 8 and [they don't] get that."

Elle a vécu sa vie à 8 assez longtemps pour avoir eu le dedans qui «crounche» en entendant ça. Elle sait que vivre à 8, c'est s'en câlisser que le printemps soit arrivé aujourd'hui. C'est prendre une douche juste pour pouvoir pleurer en paix dix minutes. C'est ne regarder personne dans les yeux parce qu'elle sait que la tempête se verrait dans son regard transparent. Passer tout droit aux feux rouges. Ne pas s'excuser quand on bouscule une inconnue. Oublier comment on respire sans une tonne de grisaille sur la poitrine. Avoir vaguement conscience de l'inquiétude des autres sans trouver l'énergie de s'en soucier vraiment.

C'est rester suffisamment lucide pour ne pas passer ses journées étendue sur le carrelage de la cuisine. Continuer d'aller travailler, pour le jour où le 8 passera à 9 ou à 10 et où elle aura besoin de cet argent pour foutre le camp.

Avoir vécu à 8 assez longtemps, c'est savoir qu'elle ferait l'impossible pour éviter d'avoir à s'en relever une deuxième fois. C'est craindre l'ombre qui plane sur les journées où elle atteint le 8 à nouveau. Apprendre à s'exprimer et à ne plus se taire devant la noirceur.

C'est savoir aujourd'hui que vivre, c'est autre chose que ce 8 qu'elle a trop longtemps confondu avec un symbole d'infini.

3 commentaires:

Audrey a dit…

Vivre à 8, c'est comme vivre à 0, mais en s'faisant croire qu'on voit autre chose, et qu'on ne fait pas que tourner en rond.

J'aime ça, vraiment.

Anne a dit…

C'est triste mon dieu! C'est terriblement beau mais ça me rend toute triste. :(

J'espère que c'est pas toi cette fille du 8 ma belle Sara.

LeDZ a dit…

Vraiment touchant...et touché... j'aime la métaphore...