04 janvier 2011

de l'inévitable autosabotage

tu as les mains d'un jeune garçon et le visage d'un ange.
je ne sais que faire de toi et de ton existence.

tu me donnes l'impression qu'il faudrait que je sois plus gentille avec toi, et avec les autres aussi, mais j'ai surtout envie de te corrompre, de te salir, de voir si j'arriverai à te faire repousser tes limites. tu me forces à faire face à ce désir maladif que j'ai de vouloir crochir ce qui est beau, de ruiner tes paroles, de détruire ce que tu projettes.

secrètement, je souhaites que tu sois assez patient pour rester jusqu'à ce que j'aie terminé de parler mal et de cracher par terre. et là, peut-être, je me pencherais pour ramasser un papier qui traîne sur le trottoir, dans le but de le recycler. j'arriverais à complimenter ta mère sur sa recette de poivrons farcis au lieu de trôner à table comme une vieille statue. j'offrirais à Suzanne de la reconduire chez elle plutôt que de la laisser prendre un taxi.

et puis je sentirais tes grands yeux trop bleus posés sur moi. tu serais fier, fier comme un papa qui regarde son enfant graduer de la maternelle. tu serais tout content de voir que j'ai franchi une étape, mais je saurais, je sais déjà que j'aurais dû faire tout ça par moi-même, mais qu'il m'en reste encore tellement à accomplir.

je ne voudrais plus de ta tolérance ni de ta voix qui ne crie jamais, ni être ton plus récent projet. tu m'en voudrais de me/te/nous réduire à ça, mais je le dirais quand même, pour que tu te fâches et que tu écorches un peu les jointures de tes mains trop lisses. je mangerais de la viande devant toi et je boirais trois, quatre, sept verres de trop, jusqu'à ce que tu n'en puisses plus de me voir dans un tel état.

enfin, quand tu aurais quitté, je ne pleurerais pas; je m'endormirais sur le tapis du salon, entourée de dizaines de chandelles allumées, drama queen, en m'imaginant dans un film.

1 commentaire:

3B; Trois-Bé a dit…

Dur, décider ce qu'on doit faire de l'existence des autres. On aime bien faire semblant qu'on est responsables, mais on n'a jamais le contrôle. Au grand dam des octo-poulpes que nous sommes.