17 octobre 2010

C'était dimanche

On aurait dit que le ciel ne savait que faire de lui-même, gris ou bleu, clair ou pluvieux. C'était dimanche et la perspective des tâches domestiques à accomplir ne l'avait pas empêchée de penser à sa crise d'anxiété dans le stationnement d'un grand magasin. Après avoir lancé le sac contenant ses achats - des produits d'entretien ménager - sur la banquette arrière de sa voiture, elle avait dû respirer très profondément, le front appuyé sur le volant.

Un homme sans visage s'était brièvement arrêté près de sa portière, peut-être un peu inquiet pour cette fille qu'il ne connaissait pourtant pas; elle avait dû sembler mal en point. Ses longs cheveux avaient toutefois dissimulé son visage paniqué et l'individu avait poursuivi son chemin. Elle s'était ressaisie juste assez pour conduire jusque chez elle, sans se soucier de freiner aux arrêts.

Devant le miroir de la salle de bain, elle s'était demandé ce qu'elle avait à perdre. Quelle importance? Sa tête était trop lourde, littéralement.

Calme, à ce moment-là, elle avait soulevé ses ciseaux préférés et, sans hésiter, avait méthodiquement entrepris de couper ses cheveux. Il ne s'agissait pas d'un épisode psychotique ni d'un acte de libération, mais bien d'une obligation. Les mots ne suffisaient plus, les gens lui étaient devenus insupportables et ses ressources financières s'amenuisaient trop vite. On ne pouvait pas parler de choix, dans ces circonstances.

Elle avait donc décidé de se couper les cheveux, depuis trop longtemps trop longs, pour de banales considérations académiques, relationnelles et matérielles, certes, mais aussi parce que c'était ça ou se peler les paupières comme des oranges, avec une cuillère.

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