29 octobre 2010

Citations du jour

«C'pas une raison pour lancer un petit rongeur au milieu d'un lac, mettons. Heille, imagines-tu, il retrouvera jamais sa famille! Y'ont pas de téléphone! Il va passer sa vie à les chercher...»

«Ouin, j'commence à être fatigué, là. J'feelerais pour acheter des bonbons, être chez nous, prendre un bain pis jouer aux Pokémon. Être en joggings, boire de la liqueur aux fraises, pis ajuster le chauffage en fonction de si j'ai chaud ou si j'ai frette. Heille c'est pas mal le top de l'hédonisme ça hein, rester en bobettes pis ajuster la température au lieu de m'habiller comme du monde!»

J'aime mes collègues de travail.

PS: NaNoWriMo commence lundi, j'ai ben hâte.

27 octobre 2010

On ne se reverra pas

et puis je sais pas, des fois je regarde dehors ou cette femme-là aux drôles de cheveux mais au joli sourire, ou ce vêtement ou cette tasse multicolore et puis toi tu dis une chose qui brise tout ce que j'aurais voulu pouvoir te partager, je soupire, tu ne comprends pas ce que je vois, tu ignores, tu juges, tu plains, tu ris quand ce n'est pas drôle et tu fronces les sourcils quand ça l'est, et moi je ne peux pas, je ne peux pas être avec quelqu'un comme ça, comme toi, parce que je veux quelqu'un qui regarde mieux, qui comprend les couleurs et les formes et la beauté différente, les mots aussi, alors je souris juste un peu du coin des lèvres et je ne te dis plus rien.

18 octobre 2010

Tell me

Te souviens-tu du temps où on marchait dans les rues de ton quartier en ayant l'impression que le monde nous appartenait? On avait quoi, quatorze, quinze, seize ans? Peu importe, on était entourées de gens merveilleux, on réussissait tout ce qu'on entreprenait et l'avenir s'annonçait tout aussi beau. On y croyait donc ben fort, hein? Y crois-tu encore autant?

C'est universellement reconnu que l'adolescence et le passage vers l'âge adulte, c'est une période difficile, pleine de transformations, de confusion, de nouveautés déstabilisantes. Me semble qu'on s'en est particulièrement bien tirées, trouves-tu? Ces années-là ont été enrichissantes, remplies d'expériences pertinentes, j'ai appris à me connaître, j'ai su où je voulais aller dans la vie.

Aujourd'hui, je suis tombée sur cette question-ci: «If your 8 year old self met you, would they be proud?» Ça m'a un peu jetée à terre. Y'a trois ou quatre ans j'aurais dit oui sans hésiter. Maintenant, j'suis plus trop certaine. Ça en dit long sur ce que je pense de la vie que je mène en ce moment...

La plupart du temps j'arrive à fonctionner through the motions, je souris, je vois des gens, je fais des efforts pour être plus sociable, je suis correcte, mais ça semble tellement...insuffisant? J'essaie de mettre le doigt sur le moment où j'ai dû commencer à me battre pour répondre aux simples exigences de base de la vie au lieu de vouloir toujours être plus, toujours meilleure, aller encore plus loin.

Comment on récupère cette confiance-là, celle qu'on prenait tellement pour acquise à quinze ans? Je te demande ça parce que je pense que tu l'as encore (et avec raison, parce que t'es awesome, je suis sûre que ton 8 year old self serait d'accord avec moi).

J'aurais pu t'écrire ça par e-mail, mais j'voulais pas que tu penses que j'attends une réponse magique de ta part. Je sais bien que tu peux pas faire les efforts à ma place. C'est juste qu'aujourd'hui, je m'ennuie de toi et de la possibilité d'aller prendre une marche dans les rues de ton quartier.

17 octobre 2010

C'était dimanche

On aurait dit que le ciel ne savait que faire de lui-même, gris ou bleu, clair ou pluvieux. C'était dimanche et la perspective des tâches domestiques à accomplir ne l'avait pas empêchée de penser à sa crise d'anxiété dans le stationnement d'un grand magasin. Après avoir lancé le sac contenant ses achats - des produits d'entretien ménager - sur la banquette arrière de sa voiture, elle avait dû respirer très profondément, le front appuyé sur le volant.

Un homme sans visage s'était brièvement arrêté près de sa portière, peut-être un peu inquiet pour cette fille qu'il ne connaissait pourtant pas; elle avait dû sembler mal en point. Ses longs cheveux avaient toutefois dissimulé son visage paniqué et l'individu avait poursuivi son chemin. Elle s'était ressaisie juste assez pour conduire jusque chez elle, sans se soucier de freiner aux arrêts.

Devant le miroir de la salle de bain, elle s'était demandé ce qu'elle avait à perdre. Quelle importance? Sa tête était trop lourde, littéralement.

Calme, à ce moment-là, elle avait soulevé ses ciseaux préférés et, sans hésiter, avait méthodiquement entrepris de couper ses cheveux. Il ne s'agissait pas d'un épisode psychotique ni d'un acte de libération, mais bien d'une obligation. Les mots ne suffisaient plus, les gens lui étaient devenus insupportables et ses ressources financières s'amenuisaient trop vite. On ne pouvait pas parler de choix, dans ces circonstances.

Elle avait donc décidé de se couper les cheveux, depuis trop longtemps trop longs, pour de banales considérations académiques, relationnelles et matérielles, certes, mais aussi parce que c'était ça ou se peler les paupières comme des oranges, avec une cuillère.

13 octobre 2010

13/10/10

J'aime la lumière de fin de journée. C'est le soleil de cinq heures et quart en octobre qui tombe sur les longues graminées le long du chemin. J'aperçois mes yeux dans le rétroviseur et leur couleur s'agence avec celles du ciel et de l'herbe, tout droit sortis d'Orgueil et Préjugés. Ça m'émeut juste assez pour avoir le goût de prendre l'autoroute pour rien jusqu'à Maskinongé, mais je tourne à gauche, je fais mon arrêt de pas-tout-à-fait-deux-secondes et puis ah, juste à droite, c'est chez moi; tant pis.

04 octobre 2010

Toujours demain

Le quotidien est important; il compose les moments où l'imprévu se fusionne à la mémoire.

Ça me dérange, parfois, de voir partir des gens que j'aime un peu mais pas profondément, comme des collègues de travail. C'est pas tant d'être privée de leur présence, c'est qu'ils me laissent une partie de ceux qu'ils étaient, et qu'ils emportent ce dont personne d'autre n'aura été témoin.

Je voudrais fabriquer des souvenirs nouveaux avec des gens qui ne font que partie de mes à venirs, avec qui on ne dirait rien de ce qui s'est déjà passé.

Les minutes seraient courtes et je n'aurais plus de raison de coller dans un cahier des petits morceaux de celle que j'ai été.