27 juin 2009

Capitulation

J'étais assise sur la chaise devant l'évier, pas maquillée, après une journée de travail où il avait fait assez chaud pour que les patrons nous rappellent de nous hydrater. J'avais des papillotes de métal un peu partout sur la tête et je faisais déjà de grands efforts pour rester polie avec celle qui faisait son travail en me tirant les cheveux. Y'avait une autre cliente; elle attendait que sa teinture ravive le rouge de ses racines châtain terne. Avec le sac sur la tête, on voyait beaucoup ses trop gros sourcils.

Quand ta femme est arrivée, je l'ai pas tout de suite reconnue. J'avais jamais porté attention à elle, les rares fois où je l'ai croisée. J'ai appris son prénom et j'ai trouvé dommage qu'il soit tellement plus joli que le tien. Elle a bien peu de cheveux; il fallait pas les couper beaucoup. Mon cerveau a souri en coin quand j'ai réalisé combien elle semble gentille. Évidemment.

Quand ta fille est venue la rejoindre, je me suis dit que la vie devait se trouver drôle en maudit de me niaiser comme ça. Elle a tes yeux.

Vous partez au Mexique dans onze jours. Pendant ce temps-là, j'me ferai un itinéraire qui m'évitera de passer devant chez toi.

24 juin 2009

407

Les signes sont là, mais j'arrive pas à déterminer ce qui les a éveillés.

La moitié de mon activité cérébrale est en mode automatique pendant que l'autre compte et calcule attentivement. Le temps, l'argent, les distances, les possibilités, les probabilités. J'ai jamais aimé les chiffres.

20 juin 2009

Heille, du vernis jaune, ça c'est spécial.

Mes yeux sont de la même couleur que ceux de ton chum, de ta petite-fille, de ton chien de traîneau. Tes deux bébés sont morts, ta mère déménage, ta fille a dix-sept ans, mais je comprends pas pourquoi tu m'en parles pendant que je déplace littéralement des montagnes pour toi. On se voit tous les jours. T'es une certitude tranquille parmi tant d'autres. Si t'étais pas aussi banale, on te confondrait presque avec une charade.

16 juin 2009

J'ai pas d'excuses à fournir; je ne demande pas pardon. C'est pas vous, c'est juste un léger handicap interne qui refait surface. Chacune des nuits qui m'épuisent endommage un peu plus mes capacités à me maintenir en surface. J'veux pas aspirer votre vraie vie, alors je recule, en espérant vaguement qu'une main m'empêche de trop m'éloigner, mais tout le monde est ailleurs.

J'espère finir par me râper le dos sur un mur de brique.

04 juin 2009

Sortez-moi d'ici

Démolir des maisons, en fabriquer des nouvelles, partir, s'adapter, revenir, accepter les choses comme elles sont et comme elles viendront. Te prends-tu pour une plante, des fois? Faut garder la mémoire du mouvement, tsé. Faire des grands cercles avec nos bras, au réveil. S'assurer qu'on peut encore toucher nos orteils quand on allonge nos jambes, assis au sol. Kicker le vide pour sacrer une volée au karma, à défaut d'avoir de la neige à violenter.

Partir en croisière juste parce que «pourquoi pas?»

03 juin 2009

En passant

J'y pense deux secondes pis j'réalise que je comprends rien.
J'veux pas jouer à la plus fine, mais si moi j'comprends pas, en étant moi, j'me dis qu'il doit exister toute une bande de perdus. Me le dirais-tu si c’était seulement moi l’idiote? J’espère que oui; c’est un peu pire que du brocoli entre les dents. J’suis capable d’en prendre, tsé. Des vérités, pis toute.